L'influence du communautarisme en éthique contemporaine - Pour une dialectique de la particularité et de l'universalité (PDF)

Aux débuts des années quatre-vingt apparut outre-Atlantique le mouvement « communautarien ». Plus que d'un mouvement, il s'agit en fait d'un courant de pensée philosophique et politique qui a déjà provoqué d'innombrables débats aux États-Unis, mais dont l'Europe ne semble avoir fait la découverte que récemment. Ses représentants les plus connus sont les philosophes Alasdair MacIn-tyre, Michael Sandel, Michael Walzer, Charles Taylor et le théologien Stanley Hauerwas.
L'objectif de ce courant communautarien est d'élaborer une nouvelle théorie, combinant étroitement les philosophies morale et politique, en référence à la situation intérieure des États-Unis - marquée par une certaine inflation de la politique des « droits », par la désagrégation des structures sociales, par la crise de l'État-Providence et par l'émergence de la problématique « multiculturaliste » -, et en réaction à la théorie politique libérale, reformulée dans les années quatre-vingt par des auteurs comme Ronald Dworkin, Bruce Ackerman, John Rawls ou Robert Nozick.
Le trait le plus commun à ces auteurs communautariens réside en une méfiance, qui tourne parfois en critique très radicale, vis-à-vis de la modernité et de certains de ses caractères - tels la prépondérance donnée à l'individu rationnel, la séparation radicale des sphères morale et politique, les droits individuels, etc. L'intérêt majeur de la critique communautarienne est de nous inviter à réinvestir une plus juste conception des rapports entre individu et société, entre intérêt général et intérêt particulier, entre téléologie et déontologie.